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Larzac Les promoteurs d’un parc photovoltaïque veulent rassurer les opposants

L’entreprise Arkolia Énergies, qui porte un projet de parc photovoltaïque de 400 hectares dans le Larzac, Solarzac, a tenté de rassurer jeudi les agriculteurs qui s’y opposent, affirmant préserver les terres agricoles.

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Mercredi, le siège de l’entreprise à Mudaison (Hérault) avait été occupé par une trentaine de militants de la Confédération paysanne. Une porte a été taguée et les pneus d’un véhicule de gendarmerie, crevés.

 

« Arkolia Énergies est opposée aux installations photovoltaïques sur des terres agricoles. Il n’est pas question de couvrir le plateau du Larzac de centrales solaires au sol », a assuré le président d’Arkolia Énergies, Laurent Bonhomme, expliquant « comprendre les inquiétudes » et vouloir « ouvrir le dialogue ».

 

Le domaine sur lequel Solarzac compte s’implanter « est une réserve de chasse fermée, privée et grillagée, sans activité agricole depuis 1981. Le site n’a jamais bénéficié de primes » européennes, « ce qui confirme sa faible valeur agricole », a-t-il poursuivi. « L’activité de chasse a considérablement détérioré la biodiversité du site. Il y a eu surpâturage, du fait du gibier destiné à la chasse. »

 

Arkolia Énergies dit vouloir transformer une partie du domaine en terre cultivable, avec jusqu’à 400 brebis, pour « environ 4 millions d’euros d’investissement ». « La centrale solaire pourrait financer cette opération, qu’aucun agriculteur ne pourrait prendre à sa charge », a ajouté M. Bonhomme.

 

Solarzac veut construire au maximum 400 hectares d’installations photovoltaïques sur un terrain de 1 100 hectares. Le dirigeant laisse entendre que cette surface pourrait intéresser d’autres acheteurs « assez loin de la transition énergétique », citant notamment le projet d’un fonds d’investissement américain qui souhaiterait le transformer « en centre d’essai pour des 4x4 ».

 

Le projet représente un investissement de 300 à 600 millions d’euros, avec, selon l’entreprise, des retombées fiscales pour les collectivités de 1,5 à 3 millions d’euros par an pendant 40 ans. Une concertation publique autour du projet a démarré le 16 avril dernier et court jusqu’au 23 juillet.

 

Trois scénarios sont envisagés pour le projet : un parc photovoltaïque au sol de 220 ha, de 400 ha ou de 400 ha avec une unité de méthanisation. Pour concilier production d’énergie et agriculture, Arkolia prévoit de semer de l’herbe sous les panneaux et de la faire pâturer.

 

 

#foncier : la @ConfPaysanne occupe les locaux d'Arkolia à Mudaison près de #Montpellier pour protester et demander l'abandon du projet Solarzac.#photovoltaique au sol. pic.twitter.com/AZMHUa4chf

— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) 19 juin 2019

Spéculation foncière

« Ce n’est pas pour autant un vrai projet agricole. Ne laissons pas faire ! Si un premier projet de ce type est accepté sur le Larzac, c’est la porte ouverte à d’autres, alerte Dominique Voillaume, de la Confédération paysanne, installée à Saint-Maurice-de-Navacelle. Ici, l’élevage est dynamique. Il y a des candidats pour toutes les terres qui se libèrent. Les loyers proposés pour ce type d’installation photovoltaïque, très élevés, feraient monter le prix du foncier, qui deviendrait inaccessible aux éleveurs. »

 

De leur côté, les naturalistes dénoncent la destruction d’un milieu ouvert riche en biodiversité. Avec des agriculteurs et des habitants mobilisés contre ce projet, ils ont créé l’association Terres du Larzac, terres de biodiversité, terres de paysans.

 

Le site envisagé comprend deux zones Natura 2000 et deux zones de protection des oiseaux. Il est situé dans le périmètre de protection du grand site de France de Navacelles, et dans la zone des Causses et des Cévennes, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. « Nous avons bataillé pendant des années pour obtenir cette reconnaissance de l’agropastoralisme. Ce n’est pas pour laisser installer des panneaux photovoltaïques sur des centaines d’hectares, affirme Jean-Noël Malan, vice-président de la communauté de communes du Lodévois et Larzac. Nous sommes favorables aux énergies renouvelables, mais pas sur des terres agricoles ! »

 

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